Interview : Comment réussir son entreprise, la vision d'André Brouchet, président du club des EcoBusiness Angels




Interview : André Brouchet, président du club des EcoBusiness Angels, vous donne ses conseils pour réussir votre entreprise


Je vous propose une nouvelle rubrique qui s’intitule « Parole d’experts », ils vous donnent les clés de leurs réussites.

Réalisée sous forme d’interviews, l’idée sera pour moi d’interpeller et de recueillir les conseils et pratiques de personnes qui ont réussi à pérenniser leurs entreprises mais également de personnes expérimentées dans ce domaine (consultants, experts comptables, directeurs marketing, etc.)

Aujourd’hui, j’ai le privilège d’accueillir André BROUCHET, président du club des EcoBusiness Angels, qui à travers son expérience terrain de plus de 10 ans dans l’accompagnement à la création d’entreprises, vous donne les clés qui ont mené les entreprises au succès.

Christian : Tout d’abord, merci André d’avoir répondu favorablement à ma demande d’interview.

Christian : afin de placer le contexte, pourriez-vous nous faire une présentation du club des EcoBusiness Angels ?

André : Les EcoBusiness Angels est une association professionnelle dont le noyau dur est composé d’une quinzaine d’experts, auxquels s’associent, de manière ponctuelle et selon les besoins, des experts indépendants. Nous agissons en tant que connecteurs et marieurs de porteurs d’éco-projets et de personnes « ressources », dont des éco-investisseurs financiers.

Christian : Quel est le profil type des personnes que vous accompagnez ?

André : Nous avons plus de 7000 contacts, et la structure accompagne deux profils de personnes :

- D’une part, les « porteurs de projets », plus précisément les porteurs d’éco-projets, c’est à dire concernant les activités touchant le développement durable au sens large (traitement de l’eau, recyclage, environnement, etc.). Nous nous intéressons aussi aux porteurs de co-activités, qui font partie d’un ensemble flou : l’économie collaborative, qui est en train de « faire bouger les lignes » de la relation entre les producteurs et les utilisateurs de produits et de services.

- D’autre part, les « personnes ressources » consultants, éco-investisseurs, conseillers en levée de fonds, chargés de développement économique, institutionnels qualifiés, Business Angels classiques, etc.

Christian : Comment les aidez-vous ?

 
André : Nous proposons une offre « connexion qualifiée », c’est à dire que nous mettons en relation des personnes qui sont en recherche d’appuis divers, en leur ouvrant notre carnet d’adresses et en les accompagnant un bout de chemin. Nous proposons en moyenne 2 à 3 contacts ciblés intéressants pour nos membres, après vérification de leurs véritables besoins à court terme et à moyen terme.

Par exemple, des fonds d’amorçage ou des éco-investisseurs nous demandent de leur indiquer des éco-projets intéressants, cela leur fait gagner du temps et la possibilité de découvrir, avant les autres, la « pépite » cachée ayant de l’avenir.

Inversement, je l’ai déjà dit, nous accompagnons des porteurs d’éco-projets non seulement vers des éco-investisseurs, mais aussi des personnes « ressources », celles qui peuvent accélérer, au moindre coût, leur développement. Et cela, en dehors des questions purement financières.

Nous favorisons aussi le rapprochement « win/win » de porteurs d’écoprojets ayant des complémentarités évidentes en terme de business. Ou désirant mutualiser leurs charges, ou leurs services…

Si le porteur d’éco-projet veut concrétiser son idée de création, nous intervenons, sous accord de confidentialité, dans l’aide au montage de business plan. Le porteur de projet doit avoir rédigé une première version de ce business plan, cela permet d’aller plus vite à l’essentiel. D’autant plus qu’il peut télécharger un livre (cf. le site de Guilhem Bertholet) sur le business plan, qui est très bien fait.

Nous intervenons également dans l’aide au démarrage de projets éco-innovants et nous proposons un suivi de type coaching/connexion.

Nos rendez-vous sont le plus souvent gratuits mais sélectionnés. Si le projet est intéressant, nous proposons un accompagnement plus long, sous conditions que les porteurs de projets ou les entreprises (personnes physiques ou morales) adhèrent à l’association des EcoBusiness Angels. 

Christian : Quelle est la durée moyenne de votre accompagnement ?


André : L’accompagnement peut varier de 3 mois à 3 ans en fonction du projet. S’il s’agit de recherche de fond d’amorçage, cela peut prendre un petit peu plus de temps, cela dépend de l’attractivité du projet.

Christian : Combien de contacts avez vous dans votre réseau ? 


André : En cumul, nous avons environ 10 000 contacts mobilisables au niveau national dans plusieurs domaines d’activités : hydrolienne, photovoltaïque, développement de territoire, traitement des effluents ou recyclage, mais nous avons encore beaucoup à faire en matière de qualification de ces contacts. On s’y emploie.

Christian : A quoi attribuez vous le succès des entreprises que vous accompagnez ? Quelles sont les 3 clés de succès que vous avez identifiés ?

André : La première clés du succès c’est évidemment l’idée, complétée par la vision du marché généré à 5 et à 10 ans... Votre projet doit intéresser par son originalité VENDABLE, car l’idée n’est rien sans la description précise du parcours qui va de l’idée au Produit et du produit à l’acheteur final.

La seconde est, avant même de songer à lancer votre projet, d’identifier et de mobiliser vos 1ers clients. Il faut donc que vous alliez discuter, sur le terrain,dans les usines, au supermarché, avec ces clients potentiels. L’idéal  étant d’obtenir 3 ou 4 lettres d’intention de dirigeants de sociétés disant par exemple « je demande à être informé en priorité dès que ce produit sera prêt afin d’être l’un des premiers acheteurs ». Ce genre de lettre à un écho favorable auprès des investisseurs financiers et autres personnes ressources.

Vous pouvez également signer un accord de partenariat avec le numéro 3 ou 4 du marché mais … surtout pas avec le leader.

Pourquoi ?

Parce que le leader à tout intérêt à faire comme si l’innovation apportée lui était nécessaire, alors qu’en fait, elle le gêne, car elle remplacera, avec un risque d’échec élevé, son produit « vache à lait ».

Une source sûre m’a assuré qu’une société de premier plan dont je ne citerai pas le nom a pour politique de recevoir les porteurs de projets sur un tapis rouge et de les féliciter grandement pour leur travail. Tout en leur précisant que, s’il veulent aller plus loin dans le partenariat espéré, ils doivent « réaliser quelques améliorations en retravaillant sur tel ou tel aspect de son projet ».

Le porteur de projet, heureux de cette nouvelle, va donc à nouveau investir du temps et de l’argent sur le développement.

Lors de sa seconde visite chez l’entreprise leader, on lui refait le même cinéma. Au final, soit le porteur de projet se rend compte assez vite qu’il s’est fait manipuler, soit il a épuisé toutes ses ressources financières et se voit obligé de vendre son brevet ou d’abandonner son projet. Le leader peut donc l’acheter à vil prix et mettre le produit « au réfrigérateur » au cas où l’un de ses concurrents sortirait un produit similaire, menaçant son produit « vache à lait »...

La troisième clé est l’équipe, dont les membres doivent être très complémentaires. Y compris sur le plan des caractères…

Et j’ajoute qu’il faut savoir communiquer, donc «pitcher», c’est à dire raconter en 3 minutes en quoi votre projet est source de profits, pas seulement financiers mais aussi sociétal, environnemental, etc. Pour cela un support PowerPoint, très clair, est bien utile. Il faut parler en terme de marché et savoir expliquer, en quelques mots, quelle est votre population cible, à quel besoin vous répondez et comment, quel est votre chiffre d’affaire prévisionnel, etc.

Christian : Quelles sont pour vous les 3 erreurs des porteurs de projets qui mènent à l’échec ?


André : D’abord, le manque de … clients. Se dire que les clients viendront « puisque mon produit est bon » est inconscient.

Il faut aller les chercher bien avant le lancement du projet, les identifier, les séduire, les convaincre et les impliquer.

Ensuite, le manque de ressources, en particulier financières. Il faut réfléchir à la viabilité économique de votre projet à moyen terme. Par exemple, « l’entreprise à 1 euro » est une mesure que l’on peut saluer philosophiquement, mais cela ne facilite pas votre discours devant un financier.

Enfin le manque de rigueur dans le choix de ses associés et la gestion de l’entreprise. Évitez les copains, sauf exception motivée, car beaucoup d’amitiés ont sombré corps et biens face aux dettes accumulées... Un grand ami incompétent fait beaucoup plus de mal qu’un « non ami » bien compétent.

Il convient, si l’on se sent faible sur un point, de trouver rapidement un associé qui le palliera, et surtout, il faut, dans ces temps difficiles, se former à l’agilité et à la réactivité, sans pour cela devenir uniquement opportuniste.

Christian : Avez-vous un exemple de projet qui vous a marqué positivement parmi les projets que vous avez suivi ? 

André : Il y a au moins trois projets que j’ai accompagné qui m’ont marqué positivement.

Le parcours des produits Stabiplage de la société Espace Pur à Pont l’Abbé laquelle exploite un brevet permettant de protéger le littoral grâce à des sacs en matériaux en géocomposites, remplaçant les blocs de bétons de manière plus efficace. Une des clés du succès de Béatrice la porteuse de projet a été  de rencontrer les bonnes personnes qui lui ont ouvert des marchés importants en particulier en Asie. J’ai également été impressionné par sa persévérance et sa résilience face aux imprévus. Il est vrai que c’est un marché mondial…

MonExtel de Benoit Varin est un des tout premiers sites de recyclage solidaire de téléphones portables. J’ai accompagné ce porteur de projet en lui présentant des investisseurs dont des Banques qui ont cru à son projet.

Etic SAS, une société spécialisée dans l’immobilier responsable et qui va construire des immeubles solidaires à Castres et à Montreuil. La société intervient dans le développement et la gestion d’espaces dont l’acquisition a été effectuée par les mairies ou les acteurs du développement solidaire, éthique et social.

Incub ethic aussi, est une petite société qui nous intéresse, par la cohérence de sa démarche. Ils pensent à créer un fond de dotation, et un réseau national, voire international, ce qui nous intéresse.

Je cite aussi la démarche remarquable de GoodWill Management créée par Alan FUSTEC, l’un des membres fondateurs de l’Observatoire de l’Immatériel, avec lequel je me sens très proche, tout comme une société naissante : Moralotop, dont la marque est tout un programme, décliné sur Iphone maintenant, et qui a un grand avenir …

Un projet m’a marqué négativement car la personne que j’accompagnais n’a pas eu le courage de me dire tout de suite qu’elle était au bord du gouffre financier et en interdit bancaire.

Il est impératif d’être transparent avec nous car seule la vérité permet de mieux avancer sur des bases solides. La relation de confiance est primordiale ! C’est vrai aussi avec les clients …

Christian : Quelle est pour vous la difficulté principale du porteur de projets ?

André : Croire aux contes de fées sans vérifier si la citrouille est bien une future princesse et qu’il y a des princes qui la cherchent ! Rencontrer les clients avant d’aller voir son banquier, qui n’est que votre fournisseur de fonds, car il ne faut pas que cela coince à ce niveau.

Un dernier mot. La réaction vive des « Pigeons » ces Patrons de PME face aux Vautours étatiques, taxant abusivement la revente d’entreprises, démontre que rien n’est perdu en France. Les start ups, surtout les « Gazelles » sont l’avenir de la France et du Monde. Et notre préconisation, lorsque la pression se fait trop forte, est de préconiser le départ, ou la création, hors de France, de sociétés pérennes. Nous réfléchissons déjà avec nos correspondants à Londres, en Floride en Suisse, au Maroc, et ailleurs … aux accompagnements à monter pour répondre à ces demandes d’éco entrepreneurs

Christian : Je vous remercie André pour tous vos bons conseils

Cette interview vous a plu ? Si vous souhaitez plus d’informations, je vous invite à me contacter, je relayerai votre demande auprès d’André, sinon n’hésitez pas à vous rendre sur le site des EcoBusiness Angels.

Si vous souhaitez développer votre éco-projet ou si vous êtes un porteur d'éco-projet, vous pouvez poser vos questions à André en laissant un commentaire ci-dessous.

A bientôt

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  1. J'encourage les internautes éco entrepreneurs VRAIMENT intéressés par notre ASSOCIATION "Les EcoBusiness Angels" (créée en mai 2012) à aller directement sur le site www.ecobusiness-angels.com (ne pas oublier le trait d'union...).
    Ils y trouveront des informations complémentaires sur les projets que nous suivons et pourront s'inscrire dans le collège qui correspond à leur "profil".
    Merci à Christian de son amour pour les entrepreneurs !

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  2. Tout ce que je souhaite c'est que vous auriez des partenariats dans le domaine d’activité sur l’énergie renouvelable comme l’hydrolienne, photovoltaïque, …. Car je pense que certains font déjà l’effort de s’améliorer en matière de qualification de leur entreprise.

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  3. Bonjour,

    Nous portons le projet GREEN IDEAS (https://www.kitsolaire-autoconsommation.fr)
    Y a t-il des interactions possibles ?
    Merci de votre réponse.

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